Lettre fictive au poète Paul Vidal pour son poème sur l'Homme

« […] Homme, que fais-tu ?

J’asphyxie ma planète, je détruis,

J’extermine tout ce qui n’est pas moi

Et même ce qui l’est.

Je suis aussi l’auteur de beautés infinies,

De créations sublimes et d’amours éternelles. [...] »

Paul Vidal, Poémier Landais, édité par le Conseil Général des Landes, 1983

Cher M. Vidal,

Ce poème est vrai, juste. Idéal. Non pas qu'il fasse rêver, mais il rassure de la présence sur Terre d'êtres ; d'êtres qui comprennent et admettent la réalité de l'évolution de l'Homme. L'évolution qui mène à une disparition ; une disparition de sentiments, d'émotions, de plaisirs, de bonheur et de tout ce qui fait de l'Homme un Homme. Un être rempli et débordant de cet ensemble lui permettant de vivre et de survivre. Survivre aux conséquences logiques de son évolution ; l'Homme qui peu à peu a perdu ou peut-être oublié ce qui fait de la vie la plus belle des choses qui existe au monde. Lui-même a monté les Hommes, les siens, les uns contre les autres, les privant d'amour et d'amitié, en allant à l'encontre du bonheur et du plaisir, coupant à vif et irréversiblement leurs sentiments et leurs émotions. Et tous ces Hommes dépourvus de leur Humanité ? Et tous ces Hommes, alors ? Après, ils vont devenir terroristes, nazis, ou peut-être encore dictateurs ou bien même tuer des milliards d'autres Hommes avec une bombe atomique. [ On ne naît pas mauvais et coupable, on le devient ] Puis ces Hommes vont être accusés, torturés, enfermés puis très certainement tués. Ils seront hués par des politiques, par des grands magistrats. Ils vont être détruits par des gens aveuglés par l'argent, leur image et leur petite personne, rongée par leur égoïsme, leur égocentrisme et leur supériorité obsessionnelle ; ces Hommes dépourvus de toute raison, de toute conscience, de toute humilité et de tout altruisme, ne voyant même pas que devant leurs yeux inqualifiables se trouve le résultat logique de l'évolution de l'Homme. Pourquoi « résultat » ? Puisque malheureusement lorsqu'un monde est rythmé de conflits, de menaces, de guerres et de terrorisme : un monde meilleur est inespéré. Bien que la seule clé, l'unique solution, serait de comprendre, que les Hommes, tous les Hommes, comprennent et admettent que seul on ne peut rien ressentir ; ni l'amour, ni l'amitié, ni le plaisir, ni le bonheur. Les sentiments et les émotions ne peuvent venir que des autres. On ne peut vivre ou même survivre sans les autres, seul. Il faut accepter et respecter les autres, dans nos ressemblances comme dans nos différences.

Heureusement, des Hommes, de rares Hommes, ont compris que seul on ne peut rien. Consciemment ou non, ils sauvent l'Humanité, l'Humanité toute entière. Réalisant de grandes choses et qu'ils soient scientifiques, ingénieux, héroïques, artistiques ou même encore des êtres donnant de leur entière personne à travers des actions sociales et humanitaires ; ils avancent, progressent, agissent et créent dans l'unique intérêt des autres. Certains d'entre eux, par exemple, grâce aux dissections, à la chirurgie, aux rayons X, aux IRM et aux scanners étudient le fonctionnement du corps humain. D'autres, explorent l'Espace grâce aux fusées, aux navettes spatiales et aux satellites. Des personnes risquent leur vie pour la sécurité de celle des autres, telles que les militaires, les pompiers et les policiers.

L’Homme, cet être à la recherche éternelle du bon équilibre sentimental et émotionnel dont la curiosité et la volonté d'expression poussent à réaliser de grandes choses, à faire évoluer le monde et à sauver l'Humanité, vit et survit dans cet idéal contraire.